Le recrutement dans le secteur du tourisme en général et du CHR en particulier est une problématique récurrente qui souffre notamment de l’évolution des attentes des salariés, de l’insuffisance des compétences techniques, de la problématique du logement des saisonniers… Qu’à cela ne tienne, les organisations professionnelles s’emparent de ces questions et agissent au quotidien pour inspirer de nouveaux leviers et rendre plus attractifs ces métiers. Avant-gout de l’atelier « Recrutement saison d’été 2024 : vos besoins, les solutions » proposé sur le salon IODE le 1er février 2024 à 14H30.
Rencontre avec Marie Morcel, directrice générale RESO France et Séverine Liothier, responsable emploi-formation au GHR Grand Ouest.
LE RECRUTEMENT DANS LE SECTEUR DES CHR : ÉLÉMENTS DE CONTEXTE
Aujourd'hui, le secteur du tourisme a retrouvé une dynamique avec des perspectives économiques 2024 boostées par les Jeux Olympiques, alors même que le second semestre 2023 a été stimulé par la coupe du monde de rugby. « Ces événements nationaux engagent l'ensemble des acteurs et incitent les clients à sortir, stimulant ainsi la demande » précise Marie Morcel. « C’est une tendance de fond avec de belles perspectives économiques mais aussi une pression par rapport aux ressources ». La difficulté est de trouver du personnel qualifié ou qui souhaite s'engager dans la profession, qui subit encore les conséquences du Covid. Pour Séverine Liothier, « Les besoins de recrutement dans le secteur s'accentuent. 300 000 postes sont vacants dans la restauration. 60 000 supplémentaires seront à pourvoir au moment des JO. Un sondage, du GHR et de l’Ifop, dévoile qu’un mauvais accueil dans les CHR durant les JO de Paris 2024 pourrait endommager l’image de la France. Pour faire face aux besoins en collaborateurs et profiter des impulsions économiques de 2024, nous devons actionner tous les leviers ».
La question se pose du modèle à mettre en place pour attirer et donner confiance, pour proposer des conditions de travail répondant aux nouvelles attentes des salariés. L’équation est compliquée pour Marie Morcel : « le manque de main d’œuvre est corrélé avec une problématique de charges liée à l’augmentation du coût des matières premières et de l'énergie. Les hôteliers et les restaurateurs sont sérieusement contraints dans cette équation où ça tiraille de tous les côtés ». En tant qu’organisation patronale, le GHR travaille sur ces questions fondamentales et Séverine Liothier précise ici que « toutes les actions concrètes sont corrélées à l’amélioration des conditions de travail des salariés et c’est dans ce contexte que la grille de salaire a évolué, notamment. De même que la branche CHR alloue un budget significatif afin de multiplier les formations des nouveaux collaborateurs et la montée en compétence des salariés en poste ».
QUELLES SOLUTIONS CONCRÈTES POUR SÉDUIRE VOS FUTURS COLLABORATEURS ?
La réponse à cette question fera donc l’objet de l’atelier animé sur le salon IODE par nos 2 intervenantes.
Le regard croisé de RESO France et du GHR sur cette thématique est d’autant plus intéressant que « la force d'un réseau, quel qu’il soit, est de pouvoir proposer des solutions à la fois collectives et individuelles ». Pour Marie Morcel de RESO France, « on est en capacité de travailler sur des programmes d'accompagnement, en lien étroit avec les acteurs locaux, d’aller chercher du public, de le former et de le mettre à disposition des entreprises adhérentes ». Du côté du GHR, « l’organisation professionnelle ouvre les dispositifs de formations à tous les publics, comme les étudiants et tous ceux qui veulent faire une saison, en adaptant la durée de ces formations au profil des candidats et aux besoins des entreprises. » Séverine Liothier rajoute : « l’adaptabilité est notre maitre mot et l’expérience terrain de nos adhérents est entendue. »
L’évolution de la perception du travail doit absolument être prise en compte dans toutes les démarches de recrutement : « il faut être ouvert à des solutions qui n’étaient pas imaginables il y a 5 ans. » précise Marie Morcel car le recrutement intègre dorénavant le savoir-être, en plus de la compétence technique. « Il y a trop peu de collaborateurs sur le marché avec des compétences techniques donc les professionnels sont obligés d'aller chercher des personnes qui ont une envie et un savoir-être correspondant aux attentes de nos métiers ». Et de conclure : « Ouverture et inclusion sont les maîtres mots ».
L’analyse de Séverine Liothier va dans le même sens : « avant, le salarié devait s'adapter à l'entreprise. Aujourd'hui, la tendance est quasiment inversée : nous devons séduire un candidat et lui montrer qu'il va pouvoir s'épanouir dans notre organisation ». Il s’agit alors de trouver le « juste équilibre car l'entreprise ne peut pas tout faire évoluer mais des ajustements doivent s’opérer. Pérenniser la dynamique du retour à l’emploi par l’accompagnement des restaurateurs vers des pratiques inclusives est déjà engagé ».
Les secteurs du CHR et du tourisme en général subissent aussi la pénurie des autres secteurs d'activité qui vont chasser sur le même modèle. C’est désormais conjoncturel d’après Marie Morcel car « avant, si les collaborateurs en poste commençaient à douter, ils regardaient des offres. Aujourd'hui, c'est l'inverse : ce sont les entreprises qui viennent démarcher leurs futurs collaborateurs alors même que ceux-ci n’avaient pas le souhait de changer d’employeur ».
Séverine Liothier rajoute ici que « les entreprises se doivent d’impliquer leurs équipes et renforcer leur RSE (Responsabilité Sociétale de l’Entreprise) en mettant en exergue leur engagement social, leur marque employeur et des valeurs d’engagement significatives ».
La démarche est plus offensive et les propositions intègrent évidemment des salaires et des conditions de travail plus intéressants. « Ça change le paradigme de recrutement et de fidélisation du salarié » pour Marie Morcel : « rien n'est acquis ! ».
Une autre problématique forte, avec la saisonnalité des métiers concernés, réside dans la question du logement des saisonniers, à laquelle il faut réfléchir très en amont. La bonne nouvelle pour Marie Morcel est que « non seulement les syndicats et organisations professionnelles se sont emparés de ce sujet, mais également les collectivités locales depuis ces 3 dernières années ! » C’est essentiel car il y a « des bassins d'emploi clairement saisonniers, avec une attractivité estivale, où les saisonniers ne trouvent pas de logements à des prix cohérents ». Les employeurs ne sont donc plus seuls pour gérer cette problématique car les collectivités ont tout intérêt à prendre à bras le corps ce sujet : « pour que le bassin reste attractif, les besoins en logements des salariés doivent être pris en compte, leur permettant ainsi de répondre aux offres des entreprises, lesquelles assurant alors les prestations attendues par les touristes : c’est un cercle vertueux ! »
Les représentants de la branche CHR se mobilisent pour plus d’attractivité mais Séverine Liothier précise que « l’organisation professionnelle reste toutefois préoccupée pour 2024. On a pour objet d’aider au recrutement de saisonniers, d’actionner les mesures visant à favoriser l’orientation, l’accueil et le recrutement, la formation et l’accompagnement des saisonniers, mais l’accès au logement est une condition préalable. Le collectif permettra de recenser les initiatives locales qui peuvent avoir valeur d’exemple ».
Dans quel délai les professionnels du tourisme doivent-ils s'emparer de cette question ? Pour Marie Morcel, "la réflexion doit débuter bien en amont, dès le début de l'année civile, pour activer tous les leviers permettant d’organiser une saison sereine". Raison de plus pour participer à l’atelier proposé au salon IODE le 1er février 2024 à 14H30 (« Recrutement saison d’été 2024 : vos besoins, les solutions ») pour en savoir plus, échanger avec les intervenantes et déclencher des actions efficaces pour le recrutement de vos collaborateurs. Prenez date !
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À PROPOS :
RESO France, unique groupement d’employeurs en Hôtellerie, Restauration, Tourisme, est une association engagée qui agit pour l’emploi au cœur des territoires et aide à la revalorisation du secteur du CHR (Café, Hôtel, Restaurant). Sa fonction première est d’organiser des temps partagés selon les besoins des employeurs selon une double saisonnalité : à la semaine / à l’année. Les besoins complémentaires de plusieurs employeurs sont cumulés pour constituer des CDI temps partagé. Les fonctions supports sont également concernées par cette mutualisation (Community manager par exemple).
Le GHR (Groupement des Hôtelleries & Restaurations de France) est une organisation professionnelle représentative des entreprises. Le GHR fédère à ce jour 15 000 établissements employant 180 000 salariés. Sa création marque une volonté des professionnels, membres actuels et à venir, de s’unir en tant qu’entrepreneurs dans une organisation à vocation fédératrice et mobilisatrice de moyens, dans un intérêt collectif, quel que soit leur mode d’exercice, en groupe ou en individuel, en propre ou en franchise.Les élus du GHR défendent et représentent les professionnels adhérents.